À quelques jours de ses cinq ans, la RAAL joue à nouveau la carte de la transparence. Si le prisme sportif est évidemment pris en considération pour analyser les résultats d’un club, la réalité des coulisses est souvent bien plus explicite que le terrain. La direction dresse le bilan.
Sous forme de questions-réponses, Salvatore Curaba et Toni Turi s’expriment sur les quatre premières saisons de la nouvelle histoire du club louviérois. En toute franchise, chiffres à l’appui, les dirigeants de la meute font le point.
À la veille de son cinquième anniversaire, quel est le bilan financier de la RAAL ?
- Il y a quelques mois, nous avons bouclé l’exercice 2020-2021 avec une perte de 161.154 euros. À titre de comparaison, la perte s’élevait à 215.889 euros lors de la clôture de la saison 2019-2020. Il faut savoir que depuis le lancement de la RAAL en 2017, chaque exercice s’est clôturé sur une perte financière. De l’extérieur, les gens s’imaginent peut-être que la RAAL est un club riche, ce n’est pas le cas. Le club investit mais ne gagne pas d’argent. Pour être tout à fait transparent, sur les quatre dernières années, la RAAL a perdu 861.681 euros.
La crise sanitaire peut-elle justifier ce chiffre ?
- Même si elle a eu un impact important sur le quotidien du club ces deux dernières saisons, elle n’explique pas tout. Dès le début du projet, nous étions conscients que le club serait en perte les premières années. Le capital de départ avait été prévu en conséquence. Notre objectif consiste à gérer le club en bon père de famille, avec la finalité d’atteindre l’équilibre financier. Même si notre gestion est rigoureuse, ce n’est pas simple. Un club de football demande énormément de ressources. Pour tout avouer, nous espérions atteindre l’équilibre un peu plus tôt.
“Au vu des investissements réalisés, la notion de perte ne doit pas avoir une connotation négative”
Que peut-on retenir de cette perte financière ?
- En l’état actuel des choses, la notion de perte ne doit pas avoir une connotation négative dans la mesure où de nombreux investissements ont été, sont ou vont encore être réalisés. Dès le départ, nous avons misé sur les infrastructures (la création d’un centre de formation au complexe Saint-Julien et l’achat de l’immeuble du Drapeau Blanc entre autres), le matériel ou le développement de nos structures administratives et sportives. La gestion est saine. Nous construisons des bases solides pour l’avenir.
Les bases solides représentent la face cachée de l’iceberg…
- En effet, résumer la RAAL à ses résultats sportifs ou à son équipe première n’est pas opportun. Parce que, dans l’ombre, c’est une véritable structure qui se développe depuis bientôt cinq ans. Le club totalise aujourd’hui onze employés actifs dans la gestion quotidienne du club dans des secteurs divers et variés (administration, maintenance, entretien, marketing, communication, etc.). Nous accordons une importance capitale à l’organisation, à la gestion. Ce personnel s’ajoute au staff déployé pour l’école des jeunes et l’équipe première. N’oublions pas nos bénévoles et leur implication quotidienne sans qui nos événements (matchs, tournois, soupers, etc.) n’auraient pas la même saveur.
“Au niveau contractuel, nous avons toujours répondu aux règles en vigueur pour les divisions supérieures”
La face visible, c’est notamment le budget de l’équipe première.
- Nous fonctionnons sur les mêmes bases qu’au lancement du club. Tous nos joueurs sont sous contrat de travail. Cela signifie qu’ils ont des impôts et des charges sociales à payer ; le club aussi. Sur ce point, nous avons toujours répondu aux règles en vigueur pour les divisions supérieures. Ce n’est pas toujours évident car la législation n’est pas souvent adaptée pour des clubs amateurs. Pour la RAAL, cela représente un coût supplémentaire mais cela s’intègre à notre désir de transparence et de bonne gestion. Dès lors, quand on parle du budget de notre équipe première par rapport aux autres clubs, il convient de comparer des choses comparables.
Concernant les infrastructures, où en sommes-nous ?
- L’échéance la plus proche, c’est la livraison finale du complexe Saint-Julien. En 2022, la Wolves Academy sera totalement terminée : la structure actuelle sera dotée d’un Club House (comprenant vestiaires, bureaux administratifs, salle de sport, espaces de réunion et buvette panoramique) et de plusieurs terrains totalement couverts. Le site de Strépy-Bracquegnies va définitivement devenir le centre névralgique de la RAAL La Louvière. En ce qui concerne le nouveau stade, les discussions se poursuivent. Nous restons optimistes quant à la réalisation du projet envisagé sur les terrains annexes du Tivoli. Comme l’ensemble des investissements réalisés jusqu’ici, le futur stade sera en grande partie financé sur fonds propres et avec le soutien bancaire.
À ce propos, que peut-on retenir de l’augmentation de capital entamée cet été ?
- Initialement, nous comptions 254 actionnaires pour un capital total de 2.033.000 euros. Dans notre logique de club participatif, le capital a été rouvert à tous il y a quelques mois. Une partie des actionnaires, qui avait déjà marqué son soutien à l’entame du projet, a réinvesti. Trente nouveaux actionnaires ont rallié le projet. Le nouveau capital, qui servira principalement au financement du nouveau stade, atteint 8.033.400 euros.
Où se situe le club en termes de sponsoring ?
- C’est l’un de nos motifs de satisfaction. Sans le soutien de nos sponsors, jamais nous n’aurions traversé si sereinement les mois compliqués vécus durant le Covid. Rien n’est aisé, nous avons tout de même perdu plusieurs partenaires (213 sponsors en 2018-2019 à 177 en 2020-2021) mais nous relevons la tête : le cap des 200 sponsors vient d’ailleurs d’être franchi pour l’exercice en cours. Une fois encore, nous remercions chaleureusement celles et ceux qui nous font confiance. Ils sont essentiels à la vie d’un club comme le nôtre.
Où le club se situe-t-il par rapport aux autres sources de revenus ?
- Le public est l’une de ces sources. Et pour l’instant, c’est une déception. Le nombre de supporters est en-dessous de ce que nous estimions dans nos plans financiers. En exceptant la venue d’Anderlecht en Coupe de Belgique, l’affluence moyenne est loin d’être en adéquation avec les résultats de l’équipe première. Le contexte sanitaire y est sans doute pour quelque chose mais, d’une manière générale, le nombre de spectateurs est décevant. La RAAL ne peut se contenter de franchir péniblement la barre des 300 abonnés. D’autant que les tarifs pratiqués figurent parmi les plus démocratiques de la division. Cela dit, nous tenons chaleureusement à remercier les fidèles, ceux qui répondent toujours présents à domicile comme en déplacement. La base est là, elle est solide, elle nous soutient.
Quid des rentrées liées aux buvettes ?
- À ce niveau-là, nous n’avons pas eu de chance. La buvette du complexe Saint-Julien n’a jamais tourné à plein régime durant une saison complète. Entre l’absence de rentrées durant la première saison, les travaux menés sur le site ensuite et la crise sanitaire enfin, nous avons été privés d’une ressource importante.
“Même si nous ambitionnons la montée, nous ne nous attendions pas à de tels résultats”
Comment percevez-vous les bons résultats de l’équipe première ?
- Notre vœu est de rejoindre l’échelon supérieur à l’issue de la saison en cours. Nous sommes sur la bonne voie. L’équipe composée au printemps dernier, alliant jeunesse et expérience, nous donne pleine satisfaction. À vrai dire, même si nous ambitionnons la montée, nous ne nous attendions pas à de tels résultats à ce moment de l’année. Il convient de conserver cet avantage pour nous mener vers la N1 en fin de championnat. Par ailleurs, il serait réducteur de ne retenir que les performances de la D2. Les Louves et la P4 ont réalisé une première partie de saison exceptionnelle dans leur série respective. Malgré un début de saison plus compliqué, la RAAL Futsal présente elle aussi un noyau séduisant qui a les moyens de titiller les équipes de tête de la deuxième division.
À côté des équipes adultes, c’est toute la Wolves Academy qui mérite d’être mise en lumière.
- La progression de l’école des jeunes a été fulgurante et qualitative. Nous sommes passés de 120 à 552 jeunes en quatre ans à peine. Même chose pour le staff sportif, qui représente 67 personnes parmi lesquelles des formateurs, de préparateurs physiques, des coordinateurs et des kinés. Le pôle féminin s’est aussi développé et totalise, à lui seul, 62 joueuses. C’est une certitude : la Wolves Academy ne cesse de croître… et va encore s’agrandir d’ici les prochains mois. La formation louviéroise doit, à terme, compter dans le paysage footballistique belge.
Pour conclure, quels sont vos souhaits à court terme ?
- Au niveau sportif, pour la RAAL dans son ensemble, il serait fantastique que toutes nos équipes soient sacrées dans leur série respective. À côté de cela, avec rigueur, il faut continuer de tendre vers le professionnalisme à tous les niveaux. Les réussites futures seront les conséquences du travail réalisé en amont. L’équilibre financier est un objectif aussi primordial que les montées sportives. Nous voulons être présents sur le long terme, nos décisions d’aujourd’hui doivent être prises en ce sens.