Ian Hamilton est l’un des rares joueurs anglais – avec Guy Bates, Lamin Colley, Ronald Ferguson, Tony Gibson, Peter Hamilton, Neale Mc Dermott, Kevin Pugh et Mark Talbut – à avoir porté la tunique verte et blanche au cours de sa carrière. Dimanche, pour la finale de l’EURO 2020, l’ancien joueur de la RAAL (de 1982 à 1983 et de 1985 à 1990) sera à fond derrière les Three Lions.
Ian, que pensez-vous de cette équipe d’Angleterre ?
- Je suis agréablement surpris par le football proposé par les Anglais depuis le début de la compétition. Gareth Southgate a insufflé un nouveau style, à l’opposé de ce qui se pratiquait autrefois. Aujourd’hui, l’Angleterre ne se contente plus de balancer de longs ballons devant. Elle construit ses actions patiemment… parfois trop (rires). Ceci dit, l’équipe s’articule autour d’une génération talentueuse.
Le match contre le Danemark a fait jaser : qu’en avez-vous pensé ?
- J’ai été interpellé par la réaction des gens sur les réseaux sociaux, qui ont déversé leur mécontentement sur l’Angleterre. C’est dommage d’en arriver là. Or, c’est la responsabilité de l’arbitre qui entre en jeu sur le penalty litigieux, puis l’avis du VAR.
“Roberto Mancini a transformé l’Italie en une machine à gagner. Il n’y a pas d’individualité dans ce collectif, le groupe est sa force”
Même si on s’en doute, qui allez-vous supporter dimanche soir ?
- Je vais évidemment soutenir l’Angleterre mais ce ne sera certainement pas un match facile. En 2018, Roberto Mancini a repris en main une équipe en plein doute. Sir Mancini, comme je l’appelle, a transformé cette Italie en une machine à gagner. Il n’y a pas d’individualité dans ce collectif, le groupe est sa force. Les deux nations méritent le trophée, la meilleure l’emportera.
Quelles sont les forces des Three Lions ?
- L’avantage des Anglais, c’est qu’ils jouent à domicile. À mon sens, ils partent favoris en évoluant à Wembley. Même s’il y aura des fans italiens, le stade sera conquis à la cause de Sterling et sa bande. Je continue de croire que la construction d’un nouveau stade aurait été bénéfique à la Belgique durant cet EURO 2020… mais aussi pour l’avenir.
“La piste d’athlétisme, c’est un frein à l’ambiance. Je suis heureux d’apprendre que la RAAL veuille construire un stade à l’anglaise”
Pourquoi ?
- Parce que les Diables Rouges sont talentueux mais en disputant leur match au stade Roi Baudouin, ils ne ressentent pas la ferveur, ni le soutien des supporters, d’un pays. La piste d’athlétisme est un frein à l’ambiance, c’est comme si tu jouais à l’extérieur. À un tout autre niveau, je suis heureux d’apprendre que la RAAL envisage à son tour la construction d’un nouveau stade à l’anglaise.
La Louvière, justement : quels souvenirs gardez-vous de vos étapes ?
- À mon arrivée, le club évoluait encore en D2. J’ai vécu une excellente saison, sur et en dehors du terrain. Je ne suis resté qu’un an avant d’aller à Liège. Là-bas, on décroche la Coupe UEFA mais je n’ai pas été conservé. Je reviens à La Louvière, alors en D3. J’y ai ensuite passé à cinq ans mais ça n’a plus jamais été pareil. J’avais été blessé, puis opéré. Le mental était bon mais le corps ne suivait pas toujours.
“J’ai rejoint La Louvière en 1985 grâce à une cagnotte : les supporters louviérois se sont cotisés pour me rapatrier chez eux”
En 1985, votre retour chez les Loups est particulier : expliquez-nous.
- Oui, c’est une histoire folle. J’avais laissé un bon souvenir aux supporters lorsque j’ai quitté La Louvière pour Liège. Comme je n’avais pas été renouvelé à Rocourt, j’ai pu de nouveau rejoindre la RAAL grâce à une… cagnotte ! Les supporters louviérois se sont cotisés pour me rapatrier chez eux.
À votre premier passage, vous avez côtoyé une figure actuelle bien connue…
- En effet, j’ai évolué aux côtés du président Salvatore Curaba. À l’époque, il était encore un jeune joueur. Malheureusement, nous n’avons pas disputé énormément de rencontres ensemble car, si je me souviens bien, il avait subi une lourde opération cette saison-là.
“Que les Italiens nous laissent le titre. Ils en ont déjà beaucoup trop gagné. On patiente depuis 50 ans, on veut enfin fêter quelque chose”
Suivez-vous encore la RAAL aujourd’hui ?
- J’ai un peu plus de temps devant moi, désormais. Avant, j’étais scout pour différents clubs et j’avais peu l’occasion de me rendre au stade pour encourager les Loups. À présent, c’est différent. Le projet louviérois est fantastique. Je tire mon chapeau à Salvatore et ses équipes pour le travail réalisé jusqu’ici. Je reviendrai au Tivoli, un de ces quatre.
Un dernier mot avant la finale de ce soir ?
- Ma femme est italienne. Ce soir, ça va être la guerre (rires). Je vis à Haine-Saint-Pierre mais que les riverains se rassurent : si l’Angleterre gagne, je n’irai pas klaxonner. Hormis à Bruxelles, il y a trop peu d’Anglais dans la région. Et puis, que les Italiens nous laissent un titre. Ils en ont déjà beaucoup trop gagné. Nous, on patiente depuis cinquante ans ! On veut enfin fêter quelque chose.
Citoyen belge, Hamilton a suivi le parcours des protégés de Martinez, non sans déception. “C’est une génération dorée, première au classement FIFA depuis trois mais elle n’a pas remporté le moindre titre. La chance est peut-être passée”, déplore ce défenseur de Lukaku. “Peu de joueurs parviennent à inscrire autant de buts, même contre des équipes moins réputées.”