Cartier : “La RAAL ne pouvait pas disparaître”

Le duel de ce samedi entre La Louvière et Tubize n’est pas sans rappeler un certain Albert Cartier. À quelques heures du match du titre, l’ancien entraîneur de la Royale Association Athlétique Louviéroise (2004-2005) et de l’AFC Tubize (2008-2009) s’est délecté de ses souvenirs belges.

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En début d’année, le Français s’est engagé dans un défi de taille : tenter de maintenir Nancy en Ligue 2. “C’est une mission difficile”, concède le mentor de l’ASNL. Pour autant, Cartier n’entend pas se liquéfier devant ce challenge. Fidèle à ses valeurs, l’homme est un adepte des opérations commando. “Ce sont ces missions que j’apprécie le plus. Dans la vie, rien n’est jamais aisé. Il faut se battre au quotidien.” De quoi lui rappeler son passage – devenu historique – dans la Cité des Loups.

Albert, que vous évoque le nom de La Louvière ?
  • D’excellents souvenirs. C’est à La Louvière que j’ai vécu mes meilleurs moments en Belgique. Dès mes premiers jours dans la région du Centre, j’ai su que j’allais vivre des émotions fortes. Professionnellement d’abord mais humainement surtout, j’ai été marqué par cette première expérience belge. Mon souvenir initial, c’est cet arrêt dans une pizzeria bien connue de la ville. L’Italie disputait un match de l’EURO 2004, tout le resto s’est levé pour chanter l’hymne. Sans être dépaysé pour autant, ma femme étant italienne, je me suis demandé où j’étais tombé. Ca a tout de suite donné le ton.
Sur le terrain, la RAAL a réalisé cette année-là sa meilleure saison parmi l’élite…
  • Quelle équipe nous avions ! Pourtant, nous n’étions pas destinés à vivre pareil championnat. Il faut rappeler qu’à mon arrivée, nous avions monté une équipe de bric et de broc, à l’arrache. Finalement, ce mélange de joueurs revanchards et de garçons talentueux a mené aux résultats que nous connaissons. Ce groupe était incroyable, capable de déconner dans le vestiaire à dix minutes du match et de passer en mode commando sur la pelouse l’instant d’après. À la trêve hivernale, nous étions troisièmes de D1. C’était un groupe exceptionnel, avec des garçons comme Silvio Proto, Manasseh Ishiaku, Mickael Klukowski, Peter Odemwingie, Olivier Guilmot… ou encore Julien Pinelli et Rony Baynon, des gamins plein de promesses.

“Ce mélange de joueurs revanchards et de garçons talentueux a mené aux résultats que nous connaissons”

Albert cartier
Avec en prime de magnifiques victoires contre Charleroi et Genk : vous en rappelez-vous ?
  • Pour être tout à fait franc, nous nous demandions à quelle sauce nous allions être mangés à Charleroi. Avant le match, nous aurions signé à deux mains pour un point. Et là, dans le derby hennuyer, les joueurs étaient affamés : ils n’ont rien laissé à l’adversaire (2-5). Même chose face à Genk, atomisé au Tivoli (2-0). Contre Bruges, au deuxième tour, nous avons aligné une équipe de gamins en championnat… qui a tenu tête à cette grande formation brugeoise, avant de s’incliner en toute fin de partie (0-2).
à la trêve, le club a perdu ses cadres : en tant que coach, comment avez-vous vécu cette situation ?
  • Il y a avait une réalité économique que le président Filippo Gaone m’a présentée. Il a été honnête, il l’a aussi partagée aux joueurs : pour le bien de la trésorerie, le club devait vendre ses meilleurs éléments. J’avais proposé au président de ne vendre que des joueurs à vocation offensive car la base d’une équipe, c’est sa défense. Malheureusement, cinq joueurs majeurs ont quitté le club durant l’hiver, y compris des défenseurs. Nous avons terminé la saison en roue libre, privilégiant le parcours en Coupe de Belgique (ndlr : qui s’est terminé en quart de finale face au Club Bruges, 2-2 au Jan Breydel et 2-3 au Tivoli).
À ce moment-là, avez-vous senti que quelque chose s’est cassé ?
  • Lorsque le président est venu exposer la situation aux joueurs, Silvio Proto a parlé au nom du groupe. “Président, si on garde cette équipe, nous allons être champions”, disait-il. “On a toutes les cartes en main pour réaliser un gros coup en fin de saison.” La saison précédente, la Coupe UEFA avait déjà coûté beaucoup d’argent à La Louvière. Malgré tout, j’ai le sentiment que nous avons réussi quelque chose de grand, cette année-là. Encore plus durant le second tour où des jeunes de 17 ans ont porté le groupe et terminé la saison. Si c’est aujourd’hui une évidence pour les clubs d’aligner des jeunes, ce n’était pas le cas autrefois.
Des années plus tard, la RAAL est de retour : qu’est-ce que cela vous procure ?
  • Lors de mon passage chez les Loups, nous avons réussi grâce au contexte, aux supporters, au stade, à la ferveur locale. Avec tout cela, ce club ne pouvait pas disparaître. Au fond de moi, j’étais convaincu qu’il renaîtrait, qu’il reviendrait plus fort. Quand une équipe ressemble à ses supporters, c’est une forme réussite, un premier succès.

“Quand une équipe ressemble à ses supporters, c’est une forme de réussite, un premier succès”

Albert cartier
Un mot sur votre passage à Tubize ?
  • C’était assez différent de ce que j’ai pu vivre à La Louvière. Ce n’est pas le même public, ni la même chaleur. Mais c’était une expérience aussi enrichissante parce que les bookmakers estimaient que nous deviendrions la pire équipe de Belgique depuis des décennies, que nous ne prendrions même pas trois points en championnat. Au final, nous descendons en D2 avec 27 unités. Sans la réforme du football belge, intervenue cette année-là, l’issue n’aurait sans doute pas été pareille.
Gardez-vous encore des contacts de cette époque ?
  • Bien sûr, j’échange régulièrement avec Luigi, un ami sicilien qui vit à Morlanwelz. Il m’arrive aussi de discuter par message avec Frédéric Tilmant, mon adjoint de l’époque – je sais que cette période carnavalesque lui tient à cœur – et de nombreux autres joueurs de cette génération, à l’image de Geoffray Toyes ou Nasser Daineche. Ce que nous avons vécu tous ensemble à cette période était tout simplement unique.

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