Jacobs : “À La Louvière, c’est une autre saveur”

Ariël Jacobs est le parfait trait d’union pour préfacer la rencontre de Croky Cup entre La Louvière et Anderlecht. Au cours de sa carrière, l’entraîneur a non seulement dirigé les deux formations mais aussi remporté deux Coupes de Belgique : l’une avec les Verts, l’autre avec les Mauves.

Revoir Ariël Jacobs au Tivoli, c’est l’occasion de remonter le temps et de se rappeler la belle époque. Une période pas si lointaine où La Louvière allait graver pour la seule et unique fois son nom sur la Coupe de Belgique. Pour Jacobs, ces retrouvailles entre le RAAL et le RSCA revêtent d’une saveur toute particulière. L’ancien mentor des Loups, en poste entre 2001 et 2004, se livre en exclusivité sur www.raal.be avant de rallier le stade louviérois ce mercredi soir.

Ariël Jacobs, que vous évoque ce duel entre La Louvière et Anderlecht ?
  • J’ai eu la chance de connaître deux titres en Coupe de Belgique : l’un en 2003 avec La Louvière, l’autre en 2008 avec Anderlecht. Des participations européennes ont découlé de ces deux victoires finales. Le fait que les retrouvailles se produisent en Coupe de Belgique, dans un stade plein, rend le duel extraordinaire. À plus d’un titre, il est difficile de faire plus symbolique comme match. Nous pouvons le dire : le tirage au sort a bien fait les choses.
Quels souvenirs conservez-vous de votre épopée louviéroise ?
  • Avec du recul, au-delà de la victoire en Coupe de Belgique et la participation en Coupe d’Europe, je retiens surtout la progression fulgurante de la RAAL. Lorsque je suis arrivé, le club reposait essentiellement sur des joueurs d’expérience dont la carrière n’était plus à faire. Lorsqu’il a fallu remplacer ces garçons, nous avons fait confiance à des jeunes, alors méconnus. Ils s’appelaient Michaël Klukowski, Manasseh Ishiaku, Michaël Murcy, Oguchi Onyewu ou encore Silvio Proto. Avec un budget restreint, nous sommes parvenus à créer un groupe solide, à nous classer à des positions honorables et à remporter un titre.
Votre divorce avec la RAAL est survenu en 2004…
  • Quand j’ai rencontré Filippo Gaone pour discuter d’une prolongation de contrat, le président a été franc avec moi. Il aurait pu me convaincre de rester mais, dans le même temps, il ne pouvait pas me garantir que le club existerait encore six mois plus tard. J’ai été peiné parce que, durant trois saisons, je me suis investi pleinement au sein du club. J’y ai mis une partie de moi. Nous avions tous consentis à de nombreux efforts pour obtenir ces résultats. Le projet dessiné ensemble durant trois années arrivait à son terme.
Revenons un instant sur la saison 2002-2003 : comment expliquez-vous cet improbable parcours ?
  • Personne n’aurait misé sur nous. Quand on rembobine, nous aurions même dû nous incliner dès notre entrée en lice. En déplacement à Tongres, formation de troisième division, nous n’en menions pas large. L’équipe locale méritait de s’imposer deux ou trois à zéro. Au lieu de cela, nous l’emportons 0-1. À la fin du match, le président Gaone est même descendu dans le vestiaire, furieux. Il avait refusé d’offrir la prime de victoire suite à la désastreuse prestation des garçons.

“Chaque tour a eu son lot de rebondissements”

Ariël Jacobs
La suite est extraordinaire…
  • Nous ne nous sommes pas hissés en finale par hasard. À chaque fois, nous avons sorti de belles écuries. Chaque tour a eu son lot de rebondissements : à Genk, c’est Domenico Olivieri qui crucifie son ancienne écurie, dans laquelle il est encore actif aujourd’hui. Face au Standard, on s’incline à Sclessin pour renverser la vapeur au Tivoli. Et puis, souvenons-nous de Lommel en demi-finale. Au bord de la faillite, l’équipe s’impose à domicile avant de se rendre chez nous avec son équipe réserve, motivée à l’idée de se qualifier en finale et… proche de l’exploit, jusqu’à ce que Siquet et Odemwingie fassent sauter le verrou.
Un mot sur la finale face à Saint-Trond ?
  • Personne ne nous voyait l’emporter face à des Canaris qui étaient à leur meilleur niveau depuis quelques saisons. Des journalistes m’ont demandé ce que nous allions faire en finale. L’opinion publique nous donnait perdant. Dans le stade, les Trudenaires étaient les plus nombreux mais nous faisions le plus de bruit. Sur le papier, l’affiche n’était pas la plus alléchante mais elle a finalement accouché d’une très belle rencontre, avec quatre buts à la clé, dont trois en faveur de La Louvière. Nous avons fait mentir nos détracteurs.
Avec ce trophée, êtes-vous conscient d’avoir écrit l’histoire d’une région ?
  • Oui, vraiment. Lorsque nous avons traversé La Louvière le soir du premier juin, il faisait noir de monde, partout. Que les gens soient des fans de football ou pas, ils étaient heureux et souriaient. Même avant de remporter la finale, lorsque nous avons constaté les gradins remplis de supporters louviérois, nous avons halluciné. C’était mémorable. Sur le moment, j’ai même demandé aux joueurs d’aller applaudir le public avant l’échauffement. Je crois que pour la ville et sa région, cette victoire a permis d’oublier les tracas du quotidien pour vibrer tous ensemble.

“À La Louvière, la victoire a une autre saveur”

Ariël Jacobs
Des années plus tard, vous atterrissez à Anderlecht : où la pression est-elle la plus forte ?
  • Elle diffère d’un club à l’autre. À Anderlecht, où le club joue sur les trois tableaux, les attentes sont fortes. Les médias, l’opinion publique et les supporters estiment que vous allez tout gagner, que vous devez tout gagner. D’une certaine manière, ça normalise la victoire. À La Louvière, la victoire était plus rare mais avait aussi une autre saveur. Le succès prenait encore plus de sens. C’est ce qui fait la beauté du football.
En dehors de ce 16e de finale, suivez-vous encore l’actualité louviéroise ?
  • Oui, je suis toujours à l’affût de l’actualité du club. J’ai bien sûr été attentif à son renouveau en 2017. Quelle belle surprise de constater l’évolution des infrastructures. Le centre d’entraînement est fabuleux. Quant au nouveau stade, j’espère que le projet aboutira. Les maquettes sont séduisantes. Déjà à l’époque, la rénovation du Tivoli était une nécessité. J’imagine que les impératifs sont encore plus grands aujourd’hui.
Il y a peu, vous avez rencontré Frédéric Taquin au détour d’une émission : un message à lui glisser ?
  • Il existe une différence de classe qui est notoire entre les deux équipes. Je ne pense pas que les Mauves vont sous-estimer leur adversaire mais Frédéric Taquin sait qu’il y a quelque chose à aller chercher, un pari à prendre. Il doit convaincre ses joueurs en ce sens. D’une manière générale, je suis convaincu qu’on assistera à un bon match et que l’enthousiasme et la ferveur du public pourront permettre de créer une surprise. Croisons les doigts !

Lorsqu’il dirigeait la meute, Ariël Jacobs a affronté le RSC Anderlecht à cinq reprises pour un total de quatre défaite et un partage. Et quel partage : en déplacement au Parc Astrid, pour la dernière de l’ère Jacobs, les Loups avaient arraché un point dans les ultimes instants de la rencontre grâce à Murcy, sur une passe décisive de Klukowski. Un score amer pour les Mauves qui ont fêté le titre ce soir-là avec, en toile de fond, les chants de joie des supporters louviérois. Les vrais y étaient (déjà… ou encore).

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